Ils étaient régulièrement en surnombre, et nous prenions l’eau de tous les côtés. Notons pour l’anecdote deux coups francs directs. Des interrogations ont été exprimées sur le positionnement du mur par notre valeureux gardien. Même si un gardien ne peut pas considérer tout à fait sereinement un match où il s’en est pris 9, une rapide étude balistique des deux buts nous permet a priori de l’absoudre sur ce point précis.

Je l’ai dit la faillite était collective, et même si certains ont pu exprimer à d’autres au cours du match quelques regrets sur leur insuffisante efficacité, la défaite ne faisait pas de discussion. Par conséquent l’ambiance dans les vestiaires était tout à fait sereine, et même finalement fort agréable.

Le mérite en revient grandement à Kader, qui nous a expliqué sa vision, et surtout sa pratique, de la vie de bureau. Nous avons ainsi appris comment un usage judicieux de la photocopieuse, puis du courrier interne, permettait de préparer un entretien en s'assurant que votre futur interlocuteur vous aurait vu auparavant sous un jour inattendu, et que l’on espère anonyme. Pourvu que la photocopieuse soit située dans un endroit discret.

L'impact de cette préparation psychologique n'est pas évident pour ce qui est de l'issue de l'entretien, mais il doit peut-être permettre de le vivre avec un certain décalage. En tout cas Kader est apparemment familier de ce processus.

En retour, il semble avoir découvert que cette pratique n’était pas répandue de manière absolument générale au sein de l’administration ni des entreprises fréquentées par ses coéquipiers. Disons qu’aucun d’entre eux n’a jamais vu circuler ces planches d’anatomie d’un genre nouveau. A leur grand regret.

Autre enseignement de cette soirĂ©e : nous avons bĂ©nĂ©ficiĂ© de la visite de l’arbitre qui officiera pour notre match de coupe de lundi prochain Ă Bourg la Reine. Il a notĂ© que certains d’entre nous n’avaient pas de protège-tibia. Il l’a fait remarquer Ă nos remplaçants, qui ont feint un Ă©tonnement dĂ©sapprobateur. Il leur a prĂ©cisĂ© que ceux qui n’en auraient pas lundi prochain ne rentreraient pas sur le terrain, et ils ont acquiescĂ© d’un air entendu.

Il n’est donc pas impossible qu’il soit plutôt du genre tatillon. Par conséquent, merci à celui qui se reconnaîtra de faire apposer le tampon de son médecin sur sa licence.