Précisons au passage que, contrairement à Nasri, nous, au Panthéon FC, ne pensons que du bien des excellents journalistes de cet excellent journal. D’une part jamais aucun de nos joueurs n’a été critiqué, ni même simplement égratigné, dans ses colonnes. D’autre part nous ne sommes pas idiots au point de critiquer des journalistes.

Laurent Blanc élargit donc le champ de ses réflexions en les ouvrant à un autre sport collectif. C’est évidemment une excellente idée, on s’enrichit toujours à échanger avec des gens d’horizons variés, et à renouveler ses sources d’inspiration. Certes il a déjà bénéficié des conseils de Zinedine Zidane, qui a affirmé qu’un match d’ouverture c’était très important et qu’il était toujours préférable de le gagner. Zizou a une fois de plus fait preuve de sa grande clairvoyance avec cette déclaration coup de tonnerre, et comme il n’a rien perdu de son charisme les commentateurs et les journalistes, séduits par cette vision, ont abondé dans son sens. Tous ont répété qu’il était préférable de gagner ce match plutôt que de faire match nul, ou pire, de le perdre.

Une fois ce point acquis auprès des spécialistes du Football, Laurent Blanc est donc allé chercher conseil auprès de Claude Onesta. Son palmarès international est éloquent: en six ans (de 2006 à 2011) il a conquis 5 titres (2 Championnats d’Europe, 2 Championnats du Monde, 1 Médaille d’Or Olympique), il y a sûrement beaucoup à apprendre de son expérience.

A l’évidence les échanges ont été fructueux et on a clairement vu la patte de Claude Onesta dans le comportement de l’équipe de France hier contre l’Angleterre. De nouvelles consignes ont été données et les joueurs les ont appliquées avec la plus grande rigueur. En premier lieu, énormément de passes latérales. Et surtout évidemment personne dans la zone. Laurent Blanc a fait visionner à son équipe les matchs les plus glorieux de l’équipe de France de hand, à aucun moment un joueur ne pénètre dans la zone, comparable sur un terrain de hand à la surface de réparation des footballeurs. Nos attaquants ont respecté cette consigne avec abnégation. Karim Benzema en particulier, qui avait tendance dans les matchs précédents à se positionner trop fréquemment dans les « 18 mètres ». Il a scrupuleusement appliqué les nouvelles règles en vigueur dans notre équipe. Notons que ces règles mettent quasiment hors jeu Olivier Giroud, connu pour évoluer très fréquemment au cÅ“ur de la surface de réparation devenue zone interdite.

Le jeu des attaquants s’est ensuite organisé autour de cette nouvelle stratégie, faite de longues préparations à base de passes latérales (un minimum de dix-sept aller-retour droite-gauche est requis avant une passe « verticale »), suivies de percussions qui viennent mourir sur la ligne des 18 mètres. Tel Nikola Karabatic s’infiltrant pour se rapprocher de la ligne des 6 mètres avant de tirer au but, on a vu à plusieurs reprises nos attaquants progresser en dribbles ou en passes courtes jusqu’à la surface de réparation, avant de déclencher des tirs. La plupart ont été contrés par des défenseurs adverses, mais reconnaissons qu’en plus de celui qui a fait mouche, plusieurs ont mis Joe Hart en difficulté. Une autre tactique consiste à déborder sur un côté, et à centrer pour un partenaire qui se trouve non pas devant le but, mais de l’autre côté de la surface. Nous avons vu cette figure de style à plusieurs reprises dans le match. Elle a pu décevoir ceux qui regrettent son manque d’efficacité, il faut au contraire se féliciter de voir nos joueurs appliquer avec autant de détermination un schéma si souvent victorieux sur les terrains de hand.

L’interdiction de pénétrer dans la zone ne concerne pas que les attaquants, elle s’impose aussi aux défenseurs, et les matchs de préparation nous ont montré à plusieurs reprises les attaquants adverses partir dans le dos de notre défense. Certains ont cru que Mexes et Rami avaient été pris de vitesse, il n’en est rien, ils s’interdisaient simplement la défense en zone. Notons aussi que le positionnement de la défense autour de la surface complique un peu l’application de la règle du hors jeu. Les défenseurs latéraux sont obligatoirement positionnés plus bas que les défenseurs centraux, et ils couvrent donc les adversaires qui eux se permettent de pénétrer dans la surface de but, en dépit de toutes les règles du handball.

Vicente Del Bosque, entraîneur de l’Espagne, avait appliqué la même tactique contre l’Italie, en se privant d’un attaquant de pointe. On peut lui reprocher toutefois de ne faire les choses qu’à moitié puisque ses défenseurs ne se sont pas privés de défendre correctement (mais il est vrai que l’attaque Italienne était autrement plus menaçante que celle de nos amis Anglais). Comme quoi l’Espagne n’est pas un vrai pays de handball.