Pour vous présenter le personnage en deux mots, c'est un méridional, au caractère bien trempé, qui ne pratique pas la langue de bois. Sans surestimer les passerelles entre le sport de haut niveau et la vie en entreprise, son témoignage apporte des éléments intéressants dans la compréhension des équipes et des organisations. À la première question de son interlocuteur sur l'intérêt pour C. Onesta de venir à la JIRC, ce dernier a répondu : "Je ne vous cache pas l'intérêt financier d'une telle intervention. Je suis payé plus cher pour raconter l'histoire que pour la faire." Ambiance...

Rapport à la victoire

  • En tant que sélectionneur, il nous a rappelé sa mission "ne pas sélectionner les 15 meilleurs joueurs de France, mais plutôt les 15 joueurs qui font la meilleure équipe possible".
  • Il a rappelé que l'équipe de France qu'il avait reprise en 2001 avait beaucoup perdu sur la période 2001-2006, avant de quasiment tout "rafler sur son passage" de 2006 à 2012, d'où la notion de performance durable. Les 6 titres gagnés sur la période constituent une continuité exceptionnelle dans le sport de haut niveau.
  • Il nous a avoué avoir senti la guillotine passer relativement près de sa gorge dans les premières années de son mandat et nous a rappelé l'incroyable fragilité des équilibres d'une équipe dans le sport de haut niveau.

Vision du management

  • Son mode de management est basé sur une forte responsabilisation de ses équipes et sur le fait qu'il accepte ouvertement de ne pas tout contrôler. Il fait pleinement confiance au préparateur physique dans le choix de ses programmes d'entraînement. Il ne rentre pas dans ses choix et "refuse" de se prononcer sur ses demandes quant aux scénarios d'entraînement physiques envisageables.
  • Il a présenté son staff comme étant constitué de "bras cassés" (un membre du staff médical atteint d'une maladie neurologique et un autre pas loin d'être autiste). Pour autant, il considère que les délicats équilibres qu'il a réussis à mettre en place seraient bouleversés si un des membres du staff sortait du casting.
  • Enfin, il nous a fait partager les coulisses des débats du staff technique. Quand une question se pose, chaque membre du staff a le droit d'exprimer son opinion et d'argumenter, mais une fois la décision prise, la règle est la solidarité totale du staff ("se taire à jamais").

Gestion de groupe

  • Dans la gestion des "stars" de l'équipe, C. Onesta nous a donné son principe directeur de manager "ne jamais craindre à qui le manager s'adresse". Et précisé que les divas n'avaient pas leur place dans l'équipe.
  • Sa vision du rôle de remplaçant m'a paru assez iconoclaste. Pour lui, le titulaire a pour vocation de faire gagner des matches, le remplaçant a celle de ne pas affaiblir l'équipe quand il rentre. Il ne cherche des remplaçants n°2 de leur poste, désireux de prendre la place des n°1, mais plutôt des remplaçants qui s'inscrivent dans la logique du groupe, respectueux des consignes et pas tentés… par l'envie de briller pour prendre la place du n°1 (attention au remplaçant qui s'enflamme une fois rentré sur le terrain pour prouver au sélectionneur qu'il s'est trompé en ne le titularisant pas). Dans ces conditions, C. Onesta a parfois dû prendre comme doublure du n°1 un n°3 ou un n°4, car le n°2 ne satisfaisait pas ces conditions.
  • Pour la prime de victoire, aux Jeux Olympiques comme aux Championnats du Monde ou d'Europe, la prime a été la même pour chacun des 15 joueurs de l'équipe, sans distinction entre les titulaires et les remplaçants, entre les "stars" et les équipiers.

Dans une JIRC très "aseptisée", son intervention a suscité un réel engouement du public. À la hauteur de son palmarès, de son aura et de l'honnêteté de son discours… (notamment le mea culpa, non sans humour, sur le démontage du studio de RMC).

À votre disposition pour échanger de vive voix sur le sujet...