But encaissé dans les toutes dernières secondes : les lumières se sont éteintes pendant que nous étions en train de ramener le ballon au centre pour engager.

Cette fin tragique est intervenue après un déroulement totalement inattendu, et qui fut tout à notre honneur. Nos adversaires étaient les deuxièmes du championnat, à la lutte pour la victoire finale. Rappelons au lecteur égaré que nous sommes bons derniers (bons au sens de « totalement »). Cet écart au classement s’est exprimé dès la première minute de jeu : but pour eux, sur une tête imparable. A ce rythme-là nous étions partis pour une bonne dérouillée. Heureusement, les directives de Kader (coach forcé pour cause de sinusite) et l’arrivée de notre 11ème joueur nous aidèrent à stabiliser la situation. Nos adversaires se montraient efficaces et dangereux, mais ils ne marquèrent qu’un deuxième but pendant cette première mi-temps. Et en toute rigueur ce n’est même pas eux qui le marquèrent, mais l’un de nos latéraux les plus élégants, sur une tête un peu trop décroisée. Nous fîmes plus que résister sur cette première mi-temps puisqu’Abdul réduisit le score après une belle action personnelle dans leur surface.

Ils attaquèrent la deuxième période sur les mêmes bases que la première, avec un 3ème but marqué très rapidement, auquel nous répliquions peu après avec un 2ème. 3-2 donc pour eux. Puis ce fut l’incident du penalty. Je n’ai pas évoqué l’arbitre. C’est celui que nous avons déjà croisé à quelques reprises, et qui fait pénétrer les deux équipes sur la pelouse en s’inspirant du cérémonial officiel des matchs internationaux. Il a déjà joué un rôle important dans le déroulement de plusieurs de nos matchs, et pas toujours pour notre bonheur. Ici il a donc sifflé un penalty, justifié, en faveur de nos adversaires. Le tireur l’a mis sur la barre, mais notre arbitre l’a donné à retirer pour la raison que certains de nos joueurs étaient entrés dans la surface de réparation avant le départ du ballon. Et là le tireur l’a marqué. D’où une réaction de frustration de certains d’entre nous, et des discussions qu’heureusement il n’a pas sanctionnées d’un carton jaune, ce que d’autres auraient pu faire.

Nous n’avons pas réagi que verbalement à ce « fait de jeu » (comme on dit pour feindre l’objectivité), nous avons redoublé de détermination et leur avons mis la pression. Précisons que sur toute cette deuxième mi-temps nous avons plutôt dominé. Et ce furent donc d’abord un troisième but pour nous, puis celui de l’égalisation, à quelques minutes de la fin. 4-4, résultat plus que flatteur compte tenu de l’écart au classement, et inespéré compte tenu du déroulement du match. Mais résultat qui ne fut donc pas celui du match puisque comme on l’a dit, le Panthéon finit par concéder un but presque habituel dans les toutes dernières secondes du match, après un petit cafouillage dans notre surface suite à un corner.

Que dire de notre prestation ? Les optimistes diront qu’elle fut honorable, que nous nous sommes bien battu, que nous avons produit par moment un jeu de qualité, que nous avons bien résisté à des attaquants pourtant rapides et efficaces et que chacun a donné le meilleur de soi-même. Ajoutons à cela que nous étions juste 11 (en plus de notre dictateur coach), et que chacun a donc dû puiser dans ses réserves pour tenir jusqu’au bout. Les plus pessimistes diront qu’il est navrant de perdre ainsi à la dernière minute, qu’avec un peu plus de concentration nous aurions pu éviter le dernier but. D’autres encore pesteront contre l’arbitre (mais j’espère quand même que Hicham a fini par passer à autre chose).

Le commentateur objectif se contentera de souligner que chacun de nous a fait de son mieux, que cette défaite est cruelle, mais qu’heureusement il ne s’agissait pas de la finale de la Coupe du Monde, que le spectacle était de qualité et que le public est donc reparti content, ce qui est aussi une satisfaction.