En effet, nous avons assez nettement dominé le match. Notre dictateur étant blessé, il s’est totalement consacré à son rôle de coach, et avec l’appui déterminé d’un Laurent surmotivé, une organisation tactique a été mise en place avant le coup d’envoi. Elle a prouvé toute son efficacité puisque nous avons pris le score pour ne plus le lâcher. Notre défense a fait le nécessaire, nos attaquants se sont montrés réalistes, et à 10 minutes de la fin nous menions donc par 4 buts à 0.

Malheureusement des décisions discutables ont alors été prises. Mahamadou, qui formait avec Laurent une charnière centrale autour de laquelle s’articulait un système défensif hyper efficace, a exprimé le souhait d’aller jouer à l’avant. Comme il le dira à la fin du match : « 4-0 à dix minutes de la fin, je pensais que c’était plié. »

Jeune inconscient.

La logique aurait voulu alors qu’un attaquant sorte, et que rentre Jérôme, spécialiste incontesté du poste, et alors sur la touche. Malheureusement ce n’est pas ainsi qu’il fut fait : Abdul passa du poste d’attaquant à celui de défenseur central. Pourquoi une telle décision ? Interrogé à la fin du match, notre dictateur coach nous le dira : « 4-0 à dix minutes de la fin, je pensais que c’était plié ».

Sauf que si cette réponse est acceptable pour notre nouvel ami Mahamadou, elle ne l’est pas pour notre très expérimenté et très vénéré dictateur. Lui sait bien que le Panthéon peut se prendre trois buts en trois minutes contre n’importe qui. La question reste donc entière : pourquoi ce changement ? L'émotion d'une victoire proche avait-elle obscurci son jugement ? Le froid avait-il engourdi ses neurones ?

Nous pensons plutôt que notre admirable dictateur, toujours en pleine possession de ses facultés, a voulu ajouter un peu de piment à cette victoire en proposant au Panthéon un nouveau défi. Il ne voulait pas voir l'équipe s'enfoncer dans la molesse d'un succès facile. D'où cette charnière centrale inédite, et disons-le imparfaite. A l’arrivée trois buts encaissés en quelques minutes avant de rapatrier Mahamadou vers ce poste crucial pour tout remettre d’aplomb. Ce furent donc de nouvelles émotions en fin de match pour éviter de perdre ce qui semblait acquis et de dures minutes de combat jusqu'au coup de sifflet final et libérateur.

Voilà donc comment nous avons joué à nous faire peur, ou plutôt comment notre dictateur adoré nous a poussés à nous dépasser jusqu'à la dernière seconde d'un match qui sinon aurait pu être bêtement bouclé à dix minutes de la fin.