Nous n'avons qu'un honneur, il y a tant de matchs
Par MAL, dimanche 9 novembre 2025 à 16:17 :: Saison 2025-2026 :: #651 :: rss
Le match de lundi 3 novembre a été marqué par une scène navrante qui rend la défaite d’autant plus amère qu’avec un arbitre plus éclairé et un adversaire plus fair-play la victoire semblait proche.
Cette scène se passe vers le milieu de la deuxième mi-temps, alors que nous menons 2-1. Sur un tacle de Jonas aux abords de notre surface de réparation l’arbitre accorde aux adversaires un coup franc. Décision qui vient plus couronner le jeu d’acteur de leur attaquant que sanctionner une faute en réalité inexistante, mais admettons.
Comme convenu avant le match, le coup franc ne peut être joué qu’au sifflet. L’arbitre entreprend alors de mettre le mur à la bonne distance pendant que notre goal, Samuel, se place au premier poteau pour ajuster son alignement.
Il est encore dans cette position, qui laisse la moitié du but ouverte, lorsque l’arbitre siffle et permet donc aux adversaires de tirer, sans aucune considération pour le fait que nos joueurs ne sont pas près, et en particulier pas le goal. Certains réagissent mais le capitaine adverse profite de cette aubaine et tire, dans le but donc à peu près vide, puisque Samuel est resté au premier poteau.
Que notre goal soit resté ainsi statique peut étonner mais je pense que c’est la réaction que j’aurais eue à sa place. En se précipitant vers sa position « normale », proche du second poteau, il aurait en quelque sorte validé le coup de sifflet de l’arbitre, et donc validé aussi le but encaissé. En restant au premier poteau il souligne au contraire l’absurdité de ce coup de sifflet, donné évidemment trop tôt. Et il laisse à l’adversaire le loisir de marquer dans le but vide, si sa notion du fair-play le lui permet. Ce qui fut le cas, vous avez compris.
Évidemment les protestations n’ont servi à rien, et les échanges que nous avons eus ensuite avec l’arbitre et le capitaine adverse, au moment de signer la feuille de match, ont souligné leur mauvaise foi à tous les deux. L’arbitre nous a dit que ce n’était pas à nous mais aux adversaires de décider s’il fallait placer le mur, suggérant qu’ils y avaient renoncé, ce qui est faux puisqu’il a bien positionné le mur à la distance qu’il avait mesurée.
Quant au capitaine adverse, il nous a dit dans un premier temps qu’il n’avait commis aucune infraction puisqu’il avait tiré au coup de sifflet (ce qui est exact). Il a répété cet argument plusieurs fois avant d’en trouver un autre pour répondre à notre remarque sur son absence de fair-play : il pensait que c’était peut-être une tactique. En réalité il n’a pas résisté à l’envie de marquer un but facile et pis c’est tout.
Après leur égalisation ils ont marqué un troisième but, emportant ainsi une victoire (2-3) qui n’était pas absurde au vu du niveau de jeu des deux équipes, mais qui doit tout de même beaucoup à une erreur d’arbitrage et un manque de fair-play évident.
Nous étions plusieurs à être sincèrement énervés après cette cinquième défaite en autant de matchs de championnat. Mais il faut évidemment prendre un peu de hauteur pour surmonter cette contrariété. Tournons-nous pour cela vers l’un de nos guides spirituels, Pierre Corneille (1606 – 1684). Ses pièces de théâtre (au premier rang desquelles Le Cid et Horace) permettent de rappeler à ceux qui auraient trop tendance à l’oublier que l’honneur est la première vertu, sinon la seule.
Ainsi dans Le Cid, Rodrigue qui, pour réparer l’affront fait à son père Don Diègue, devenu trop vieux pour s’en occuper lui-même, vient de tuer le père de Chimène avec qui il espérait pourtant bien conclure, va expliquer à son père que ses projets sentimentaux sont désormais compromis et il s’entend répondre par ce dernier que :
« Nous n’avons qu’un honneur, il est tant de maîtresses ».
D’où le titre de ce billet qui veut relativiser la défaite et remettre les choses à leur place.
D’ailleurs Don Diègue complète ainsi sa pensée :
« L’amour est un plaisir, l’honneur est un devoir »,
nous pourrions donc ajouter :
« Le foot est un plaisir, l’honneur est un devoir ».
Pour le dire autrement, lorsque nous parlerons de ce match à nos petits-enfants, désireux de tout savoir de nos exploits passés, c’est la tête haute que nous pourrons leur dire que certes nous avons perdu le match mais que nos adversaires eux ont perdu leur honneur. Si nous n’avons pas peur alors de tomber dans le grandiloquent nous pourrons même citer François Ier : « tout est perdu fors l’honneur », mais il faudra leur expliquer qui était ce type dont ils n’auront jamais entendu parler.
A l’opposé, j’éprouve de la peine en imaginant le regard plein de tristesse et de mépris que les petits-enfants de notre adversaire poseront sur lui s’il s’aventure à leur raconter son sinistre forfait. Sans aller jusque-là, a-t-il pu raconter tous les détails du match à la personne qui partage sa vie ? Et simplement peut-il se faire croire à lui-même qu’il pensait que le positionnement de notre goal relevait d’une tactique ? Bref, nous avons pu être énervés, mais nos adversaires eux doivent maintenant vivre avec leur vilénie.
J’espère que ces quelques mots auront bien remonté le moral de ceux qui se sont sentis floués lundi dernier par un arbitre sans vision et un adversaire désormais sans honneur. J’espère aussi que nous finirons par connaître la victoire en championnat parce que l’honneur c’est bien beau mais 0 point au classement c’est quand même pas la classe.
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